
— Loi PACTE, un chef d’entreprise me disait hier, « oui mais on le fait déjà », ne confondons pas philanthropie et transformation sociétale.
L’enjeu est le changement d’échelle.
Sylvie loutre
C’est bien le sujet qui demande de la pédagogie et de la démonstration.
Une véritable évolution sociétale
« Après toutes ces décennies de croissance, l’enjeu de l’économie, l’enjeu de la globalisation, c’est la justice sociale » disait Emmanuel Faber CEO de Danone. Les entreprises de mission sont au cœur de la loi PACTE que veut lancer le gouvernement.
Le gouvernement travaille à redéfinir le statut de l’entreprise dans le code civil (art. 1832 et 1833).
Le but de l’entreprise ne sera plus de servir uniquement les intérêts de ses actionnaires. Les entreprises pourront avoir un but social ou sociétal.
Une fondation pourra créer des entreprises.Des entreprise de MISSION vont se développer.
Est ce une révolution ou le bon moment pour passer un cap ?
Si le rôle social et sociétal des entreprises a toujours existé, ce n’était pas inscrit dans leur ADN, sauf pour certains pionniers qui bataillaient pour que le statut d’EBS, « entreprise à but social » soit reconnu. Le Relais, Alter Eos, Chênelet, le groupe SOS par exemple, se développent sur ces fondamentaux depuis les années 80.
Les créateurs de ces entreprises appartiennent à l’univers de l’économie sociale et solidaire. Aujourd’hui ce qui est nouveau c’est cette 3e voie qui s’ouvre avec des ETI, des PME et des multinationales comme Danone, CEMEX, CAMIF…..Les entreprises dirigées par des patrons qui intègrent ont une vision politique, vont pouvoir intégrer, métaboliser des solutions qui apporteront une valeur sociale ou sociétale.
Cette 3eme voie est celle d’une économie circulaire, consciente, qui fait le choix de concilier rentabilité, innovation et création de valeur sociale. Et qui pose l’enjeu de la durabilité au cœur du sujet*.
*La création de valeur sociétale s’inscrit dans la durée. Ce qui n’est pas le cas de la rentabilité qui, elle , s’inscrit dans le court terme.
Cela rappelle l’époque des cercles de qualité. Faire plus de qualité et plus de rentabilité. Ce n’est pas l’un au détriment de l’autre. Pour tenir cette chaine de valeur c’est tout le process de production et d’organisation qui a été réinterrogé.
50 ans plus tard. Les prises de consciences s’accélèrent.
On n’a pas 100 ans pour changer le modèle.
Aujourd’hui plus personne n’attend de solutions miracles, venant du haut.
Les entreprises s’adaptent et peuvent devenir le plus puissant levier de cette transformation de société.
Certaines – se sont déjà engagées elles se regroupent sous un label, les b corporations : les entreprises qui utilisent leur pouvoir de business pour résoudre des problèmes sociaux et environnementaux. Certaines multinationales travaillent à intégrer cette dynamique.
Si Fourier, Godin et les utopistes de la fin du XIXe revenaient, ils trouveraient un terreau fertile.
Dis comme cela, pour certains cela a l’air facile évident ou pour d’autres totalement déconnecté de leur réalité.
Toutes les entreprises sont – elles concernées, tous les patrons ? Suis-je concerné ?
Comment se débrouiller avec toutes les contraintes que cela implique, quand on décide que son entreprise servira aussi un but social ?
D’’où vient l’impulsion ?
Qui décide que cela vaut le coup ?
Par où commencer ? Comment sécuriser le parcours ?
Les réponses sont évidemment sur mesure, des « sherpas » spécialistes des stratégies hybrides peuvent apporter leur soutien méthodologique pour construire des solutions qui résoudront des problèmes sociaux au travers des approches de marché.
Des cabinets savent aujourd’hui déployer de la logistique de transformation et implémenter dans des entreprises des projets transformants, qui – comme le levain dans la pâte – provoqueront un changement d’état
Là où il y a un point aveugle, « un éléphant au milieu de la pièce » autour duquel on tourne c’est ce qui a trait à l’appui aux décideurs. Qu’ils soient patrons propriétaires d’entreprises familiales ou dirigeants, ils ont à opérer un vrai reset, en conscience et en « désir ».
Si j’osais la parabole…« On ne met pas du nouveau vin dans de vieilles outres, il faut vider l’outre pour la remplir à nouveau. »
Sylvie Loutre