Baptiste Morizot est écrivain et philosophe, il enseigne à l’université d’Aix – Marseille et il m’éclaire parce qu’il développe (entre autre) une nouvelle manifestation singulière d’être infiniment attentif au vivant.

Face à un monde de plus en plus dominé par le mercantilisme la résistance s’organise.

On est atterré, indigné, dévasté, pat le néolibéralisme, le capitalisme financier, l’abandon face à ce qui est en train d’advenir.

Un modèle économique est choisir, une éthique.

Baptiste Morizot insuffle une mobilisation de la conscience individuelle et de l’attention collective vers quoi ? Vers le vivant, vers ce qui nous est commun.

Pour sortir de l’indignation et de ses impasses, j’opte et je fais le vœu de réapprendre à faire l’expérience du prodige d’être une vivante. Et je pense avec lui qu’éduquer les sensibilités au vivant est une voie de réelle transformation..

La partition corps /esprit. Mental /esprit. Emotion /raisoevient à être sciée de l’intérieur. Elle donne une notion d’humain morcelé.

Baptiste Morizot propose le concept d’« agent diplomatique » (déjà exploré dans ses travaux précédents). Concept aux banales apparences et pourtant si pénétrant. Ce « diplomate » devient l’intercesseur des vivants entre eux, plaçant son souci dans « les interdépendances » et non dans les besoins spécifiques parfois opposés des différents camps de vivants entre eux.

Pour être diplomate, « Il faut c’est étrange, dit Morizot, se maintenir volontairement dans le sentiment léger mais latent d’être un traitre à tous, à force de ne pas choisir un camp contre un autre. Trancher fermement pour l’ambivalence, se maintenir dans l’incertitude, dans la pluralité des points de vue contradictoires, pour chercher des solutions plus saines et plus vivables, au service des relations d’interdépendance ». Ce « diplomate interspécifique » est donc centré sur la relation, et plus particulièrement « il a la garde des interdépendances » entre les vivants. À ce titre, il se doit d’être doué d’inventivité, « il active la création d’un nouvel agencement du désir qui fait bouger les lignes originelles. »

J’aime la vision à la fois intégrale et concrète de Baptiste Morizot qui nous invite à arrêter de « dire des choses » et à tramer, ensemble, une habitabilité du monde avec le reste du vivant. Nous ne sommes pas une espèce solitaire face au reste du monde empaqueté en « nature », nous sommes côte à côte avec le reste du vivant.

1 – Trouver des leviers.

Des points d’appui, Formuler le problème, tracer un chemin dans le chaos de la complexité, repérer une idée, trouver le concept qui libère à la fois la théorie et la pratique. Et trouver le terrain pour expérimenter le concept.

2- Repérer les braises du vivant et à souffler dessus.

Laisser, rendre la vie sauvage à elle même. Le vivant n’est pas une cathédrale en flammes, c’est un feu qui s’éteint. Le vivant est le feu lui même, un feu germinatif.

3 – Réaligner les alliances

Sortir des dualismes qui caractérisent notre occident, une manière de penser le monde en modes binaires, les humains/la nature, exploiter/ sanctuariser…

Déconstruire l’opposition entre agir et laisser faire, entre transformer la nature domestique et contempler la nature sauvage. Baptiste Morizot nous propose de nous doter d’une boussole qui donne le sens, le sens de la confiance. En se plaçant du point de vue du vivant. Comment reconnaît on la confiance du point de vue du vivant ? Par des actions bien concrètes, activer les dynamiques, favoriser les fonctionnalités, laisser le milieu se régénérer…

C’est à une bataille culturelle qu’il nous invite, sur le sens des mots, la formulation des problèmes et la priorisation des enjeux.

Ecouter baptiste Morizot

https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/profession-philosophe-68100-baptiste-morizot-sur-la-piste-du-vivant

Lire Baptiste morizot

Diplomates – Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant ( Wildproject, 2016) – Sur la piste animale ( Actes Sud, 2018) et Manières d’être vivant (2020).