Comment nous aider nous les humains à nous transformer ? Quelles sont nos capacités d’adaptations cognitives ? Dernièrement on me questionnait sur «la carapace qu’auraient les dirigeants» pour s’adapter aux changements permanents auxquels ils doivent faire face. Certes ils ont, certainement, une grande capacité d’adaptation, ils ont le courage de se colleter au réel, ils incarnent LA responsabilité dans leur univers, et pour certains cela frise avec l’abnégation.

Pourtant je ne dirais pas qu’il leur faille une carapace.

Une carapace c’est rigide. A moins qu’il ne s’agisse d’une carapace comme celle du crabe… qu’on abandonne pour s’adapter et qui se réajuste comme une nouvelle protection.

Plus que de carapace c’est de capacité d’évolution dont il est question. Et comme le crabe il faut accepter un (petit) temps d’être sans protection, fragilisé, un peu mou dirait – on pour le crabe …

Pour faire face à la complexité, Edgar Morin (penseur de la complexité dés les années 1990) décode comment comprendre le monde, il propose d’associer les principes antagonistes d’ordre et de désordre, en y adjoignant celui d’organisation.

Edgar Morin utilise le terme de « reliance » pour indiquer le besoin de relier ce qui a été séparé, disjoint, morcelé, détaillé, compartimenté, classé, trié… en disciplines, écoles de pensée, etc. Il aime aussi envisager les choses dans une combinaison de confrontation, complémentarité, concurrence, coopération, les quatre en étroite synergie dynamique. (en savoir + sur Edgar Morin http://bit.ly/3kHBx6b). Il prône l’attitude d’ouverture. Il aime à dire qu’il est animé par un certain « esprit de la vallée », en référence au Tao. L’esprit de la vallée recueille les « eaux » qui viennent de différents versants.

En termes de comportements pour nous aujourd’hui, pour faire face à tous les changements dont notre monde a besoin (et nous tout autant) il nous faut évoluer, bifurquer, savoir épouser des tournants, tout le temps !

Pour s’engager dans cette dynamique cela demande d’être en forme !

On néglige souvent ce fait que la santé du dirigeant est celle de l’entreprise sont étroitement corrélées. Et qu’une entreprise ne se transforme pas si sa tête ne se transforme pas. Alors pour changer, pour adopter des comportements nouveaux, pour sortir des fonctionnements automatiques… Et surtout pour ne pas en rester aux incantations, par quels bouts le prendre ?

Les trois 1eres clés.

1- En avoir envie.

2- Y trouver un sens, pour pouvoir partager ce sens.

3- Générer de l’impact, des quick wins, et des effets de fond.

Pour avoir envie de changer

L’envie ne se décrète pas, c’est comme le désir. Ce préalable du désir et de l’envie nous demande d’abord de nous reconnecter à nous même. Au meilleur de Soi (Au Soi, cf. article sur la lanterne https://sylvie-loutre.fr/2022/10/28/carl-gustav-jung-extraits/).

Pour avoir envie de changer il est nécessaire d’inverser en soi la spirale de stress, de fatigue, de lourdeurs et parfois d’addiction pour rallumer la flamme, ressentir en soi, l’énergie du nouveau. Cette inversion permet de sentir le présent qui se recompose autrement et on reprend la montre de sa vie. Pour avancer sur ce terrain, j’utilise des méthodes de concentration, d’introspection et d’inspiration profonde.

Pour trouver le sens. C’est à dire la direction à prendre pour soi et pour l’entreprise

Il s’agit de construire une boussole pour naviguer en complexité. Et cette boussole est propre à chacun. Pour fabriquer cette boussole, comment faire ?

Elle se construit dans le dialogue qui s’opère entre mon client et moi, dans un exercice de mentoring ou je prends le rôle de sparring partner. Nous travaillons ce qui est objectif et ce qui est sensible. Nous explorons les valeurs, les aspirations existentielles. Nous utilisons des outils concrets, expérientiels, en lien direct avec le sens de la vie.

Le sens se construit dans l’action. Et les points cardinaux de cette boussole à trouver, et qui vont nous permettre de nous guider dans la complexité, se travaillent en tenant compte du souffle intérieur.

Ce n’est pas « mental » ni « analytique ». C’est à la fois objectif et subjectif. Concret et sensible.

Nous les humains nous ne sommes pas des objets, nous sommes des sujets. Et il nous faut marcher sur 2 pieds : l’objectif et le subjectif, vivre avec la poussée de l’extérieur et celle de l’intérieur.

Pour générer de l’impact, trouver des quick wins et engendrer des changements de fond.

Il n’y a pas de recettes évidemment. Mais il y a des positions de vie du dirigeant qui génèrent l’ouverture, la compréhension des visions du monde (des clients, des équipes, du CODIR, du CA…). Et comprendre les visions du monde c’est se doter d’un radar…pour engager l’action de façon ciblée et adaptée.

Il n’y a pas de recettes mais il y a des comportements d’ouverture, des capacités à créer de nouvelles alliances. Des méthodes pour articuler les parties prenantes autrement. Des outils pour poser des cadres, arbitrer, décider.

Alors quels sont les mécanismes qui nous permettent de nous adapter et d’adapter nos organisations ?

Est ce que , le plafond de verre du dirigeant serait sa capacité à se connecter à lui même ?

A trouver son souffle ?

A vivre des expériences pour descendre et remonter en lui même, comme un plongeur le long d’un fil ?

A savoir prendre des paliers de décompression ?

A ériger des règles de sécurité de base pour rester en santé et en capacité d’entreprendre à nouveau ?

Il n’y a pas de baguette magique, mais la vie est surprenante quand on se connecte à son radar intérieur. Et qu’on laisse le nouveau transformer nos comportements.